« Poussines » parmi les « Poules »

par Valeria et Rina Iovino

Bonjour à tous,

Je suis Valeria, propriétaire de la ferme « Netum » (que vous connaissez peut-être déjà sous le nom d’Eredi Milana) aux côtés de ma mère Rina avec laquelle nous nous considérons comme de joyeuses « poussines ». 
Le métier d’agriculteur n'est pas fait pour tout le monde. On oscille souvent entre satisfactions et grandes déceptions aux côtés de nos éternels complices : le climat, le sol, la météo et les ressources humaines.

Lorsque nous nous sommes lancées dans l’agriculture avec ma mère, nous ne savions pas à quoi nous allions nous heurter et pensions, qu’avec le temps, le chemin « s’éclaircirait » et qu’au fur et à mesure que nous avancions, nous arriverions, tel le fil d’Ariane, à destination.

Chemin faisant, nous avons cependant trouvé tout et son contraire : de belles et de moins belles choses. Nous nous sommes vues fermer de nombreuses portes et avons découvert à quel point le monde de l’agriculture est cerné par la corruption. Au sein des mêmes communautés, nous avons rencontré à la fois tellement de gens bienveillants et malveillants qu’à la fin nous n’arrivions plus à les distinguer les uns des autres.

Nous pensions que ceux qui s’occupaient de la Terre et de la terre ne pouvaient le faire qu’avec amour et avons rapidement été mises face à la réalité des choses. Parmi ceux qui parlent de « fruits » et ceux qui parlent seulement de « marchandises », les seconds sont plus nombreux que les premiers. Cela nous a donc permis d’ouvrir les yeux.

Une question continuait de nous tarauder : existe-il  vraiment une manière vertueuse de pratiquer l’agriculture ?

La vérité c’est qu’on perçoit davantage la lumière dans l’obscurité, à l’image de la flamme de l’allumette qui brille tel un phare dans la nuit. Voilà dans quelle dimension nous nous trouvions lorsque nous avons fait la connaissance des Galline Felici. En octobre 2019 et mars 2020, des inondations ainsi que deux épisodes de grêle ont détruit nos cultures. Si nous avions eu à les affronter seules, nous aurions été anéanties aussi bien psychologiquement qu’économiquement mais avons vécu les choses avec plus de sérénité grâce à la main tendue qui nous permettait de nous aider à nous relever.

Le chemin est toujours plus agréable lorsqu’on le parcourt aux côtés de compagnons chers car on peut se soutenir mutuellement dans les moments les plus difficiles.

Deux tapes dans le dos et c’est reparti !
Titubantes mais soulagées de pouvoir compter sur un soutien concret pour continuer la route.

Toutefois, les Galline Felici ne se résument pas seulement à cela …
Nous avons aussi trouvé des amitiés, de la chaleur et de la solidarité.
Nous avons trouvé de l’intelligence, une vision, de l’innovation.
Nous avons trouvé de l’attention et des conseils.
Nous avons trouvé une possibilité de communication, d’échanges pour nous permettre d’évoluer.

Faisons le choix du collectif pour rendre cette période difficile moins dure et avilissante.
Avec ma mère, nous continuerons à prendre soin de la Terre et de la terre avec amour, respect et patience.

Nous avons choisi un beau poulailler où picorer pour les prochaines années et remercions ceux qui nous ont écoutées et espérons pouvoir redonner un jour tout ce que nous avons reçu.

Valeria et Rina


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