Tant d’eau (beaucoup trop !) a coulé sous les ponts depuis le début de cette aventure,  entraînant malheureusement sur son passage beaucoup de poubelles, trop de poubelles qui ont fini dans la mer… et dont nous devons absolument nous occuper.

J’ai beaucoup écrit ces 17 dernières années et n'ai plus envie de le faire. J’ai désormais envie de retrouver le contact avec la terre, avec les habitants de mon île, avec les nombreux voyageurs et surtout les nombreux jeunes qui quittent leurs boulots stables en ville et viennent nous rejoindre à la campagne pour « faire ensemble ».

Je me suis énormément déplacé en Italie et en Europe ces dernières années pour promouvoir le Consortium et une vision de la société. Aujourd’hui, je n'ai plus envie de voyager nul part, sauf sur notre île (et dans ses moindres recoins), pour promouvoir son changement qui, grâce à l’exemple du Consortium, en continuelle et vibrante évolution, me semble de plus en plus à portée de main…mais je crois que ce changement n'aura lieu que si l’on continue à faire collectivement une montagne d’efforts. Que si l’on parvient à rassembler ceux qui ne se résignent pas et agissent et que l'on réveille ceux qui se plaignent et se croient déjà vaincus.

J'ai abandonné petit à petit les missions que j'avais au sein du Consortium et formé d'autres personnes pour pouvoir me consacrer à mes terres et à la Sicile.

Il y a trois ans, j'ai repris un terrain que j'avais abandonné il y a quinze ans parce qu’il avait été coupé en deux par une autoroute et y bâtis actuellement avec mes compagnons, le « Jardin des Bio-Diversités », à force de sueur, erreurs, pas en avant et pas en arrière, abandons et reprises.

On ne cesse d’expérimenter, on rêve, on planifie, on commet des erreurs, on greffe, on récolte, on plante.

Bananes, pamplemousses, avocats, oranges, olives, mangues, fruits de la passion (peut-être) anones, litchis, goyaves, noix de macadamia, noix de pécan, légumes divers, gingembre ( ?)...Mais aussi acacias, eucalyptus, caroubiers, nèfles, ananas, roseaux, bambous (peut-être), prunes sauvages pour parvenir à faire disparaître visuellement l'autoroute.

Je suis fier de voir se concrétiser le Consortium, une idée collective qui a dépassé de loin nos espérances les plus folles.

J'aime à penser que ce qui a été réalisé n’est que le début d'un long chemin qui nous conduira vers un changement réel et profond de la société, tels des cercles concentriques, qui se font de plus en plus grands, se connectent puis se croisent avec les cercles créés par les innombrables autres réalités vertueuses du monde.

Agnone Bagni (Province de Syracuse), le 26/12/2019